Les Caméléons sans concession

Publié le par solyluna

Les festivals sont toujours l’occasion de rencontrer plein de groupes. A l’occasion de l’Elan Rock, on en a profité pour interviewer les principaux groupes. On commence donc par publier l’interview des Caméléons, qui répondent, comme Didier Wampas, de façon sincère et honnête. Rencontre donc avec Vincent et quelques interventions de Mike.

Qui est sur la pochette ?

C’est le grand-père du mec qui a fait la pochette, ce n’est pas Sarkozy.


Peux-tu présenter le groupe ?

Le groupe il existe depuis 1991, à l’origine on était une bande de potes, on est autodidacte, on a acheté nos instruments en même temps, quasiment au même mois pour les cinq de l’origine, donc c’était en 1991, on a mis pas mal de temps à faire quelque chose d’écoutable parce que qui dit autodidacte dit pas savoir jouer du tout donc c’était un peu le bazar.
En 1995 c’est l’enregistrement du premier cd, avec l’arrivée des cuivres donc de cinq on est passé à sept, et depuis on a gardé les cuivres, même si la formation a un peu changé.

Donc en 1995 premier album hay la frita en 1997 deuxième album viva la fiesta, troisième album en 1999 chaleur, en 2001 Todos, en 2003 joyeux bordel et en 2006 pas de concessions.

" Qui dit autodidacte dit pas savoir jouer du tout donc c’était un peu le bazar "

Donc c’est par les concerts que vous vous êtes formés…

C’est la scène qui nous fait connaître, c’est pas la vente de disques.

Vous avez sorti un live en 2005, ça répondait à une demande ?

Tous les groupes de notre style qui tournent depuis des années (marcel, ruda, K2R, fils de teuhpu, etc.) qui existent depuis très longtemps comme nous, tous avaient fait des lives, nous on n’avait jamais eu l’occasion d’en faire un. Et en décembre 2004 on a eu l’occasion d’enregistrer ça à Saint-Nazaire, donc on l’a fait, en plus c’était aussi une période de transition parce que Tony, un des membres fondateurs, arrêtait donc c’était le moment d’enregistrer pour passer à autre chose après.

Votre dernier album s’appelle « pas de concession », sur votre page d’accueil on voit une photo avec la bouche scotchée, vous avez un message spécial à faire passer ?

Alors la photo, on s’est pris avec un photographe professionnel, dans plein de positions et d’endroits différents dans Nantes, on s’est retrouvé dans une salle à Nantes et c’est notre bassiste qui a eu l’idée de nous mettre tout en blanc, avec du scotch sur la bouche, pour illustrer pas de concessions…faudrait lui demander à lui...qu’est-ce que ça veut dire pour lui, nous on a accepté…il aurait pu nous dire de se mettre à poil et on l’aurait fait…ou peut être pas, en tous cas ça ne serait pas en page d’accueil du site.

"C’est la scène qui nous fait connaître, c’est pas la vente de disques."

Et pas de concession, ça a une signification pour l’album. Il y a tellement de gens qui ont évolué dans des sens différents, dans des directions différentes, nous les Caméléons on fait du caméléons depuis des années, même si certains vont dire qu’il y a une évolution sur l’album, nous on ne s’en est pas rendu compte, c’était pas une volonté d’essayer de faire quelque chose de plus commercial, on fait des tempos qui sont toujours aussi énervés, on a toujours autant de guitares distos… la maison de disque nous a un peu demandé de faire des formats commerciaux pour la radio et tout ça…pas de concessions.

Wagram fait du bon travail aussi, ils sont vus de mieux en mieux, arrivent à mieux placer leurs artistes dans les magasins, etc.

Wagram a des artistes qui vendent énormément, ils ont pratiquement tout le catalogue de rock français, ils ont les marcel, la ruda, les K2R, nous, les fils de teuhpu, tout ce catalogue qui était avant chez Tripsichord a fini chez eux sauf les marcel qui sont partis il n’y a pas longtemps… Ils bossent bien, nous on est content de ce qu’ils font mais ils nous ont quand même demandé un petit peu : si vous voulez passer à un stade supérieur, si vous voulez vendre un peu plus, il faut faire du format radio.
Il y a des gens qui s’y essaient, ce n’est pas forcément critiquable. Des groupes comme nous qui existons depuis des années et des années, il y a un moment où tu es forcément tenté de soit rester dans ta direction et de te dire je m’en fous de tout, ou d’évoluer un peu et de te dire bon, la maison de disque te demande des choses, s’ils peuvent nous faire accéder à une notoriété supérieure, jouer devant plus de monde dans des plus grandes salles avec des meilleures conditions techniques, avoir des plus gros cachets, etc. c’est tout un truc.
Nous on a décidé de rester sur la même ligne de mire. Mais par exemple Mass Hysteria, sur l’album précédent ils avaient essayé de faire des chansons formats radio, ils se sont un peu plantés parce que les chansons n’ont pas forcément fonctionnées mais c’était une demande de Wagram certainement parce qu’ils sont chez Wagram eux aussi…mais j’en sais rien.

"La maison de disque nous a un peu demandé de faire des formats commerciaux pour la radio et tout ça…pas de concessions."


Wagram sont bien vus mais en même temps le marché du disque se casse la gueule donc je sais pas comment ça va se passer dans les années qui viennent. Tout ce qu’on peut dire c’est qu’actuellement dans tous les groupes qu’ils ont, on reste quelque temps parmi les meilleures ventes en France mais très vite on est expulsé. A mon avis c’est pas forcément très rentable pour eux.

Sur le dernier album, et même depuis Joyeux bordel, on note un virage de plus en plus rock, qui se retrouve aussi chez pas mal de groupes (la ruda, les têtes raides, etc.), c’est une volonté ?

C’est une coïncidence, mais c’est aussi le fait qu’on tourne depuis très longtemps, on commence à avoir un certain âge, on ne peut plus faire le ska qu’on faisait au début, qui était plus dans les sonorités, dans la fête,… maintenant on a quand même pris des coups dans la gueule avec certaines lois sur l’intermittence, on a pris un coup dans la gueule quand Le Pen est arrivé au deuxième tour des élections présidentielles, le climat social n’est pas forcément très rose en ce moment, le gouvernement ne favorise pas les choses pour la culture et la jeunesse en ce moment. Donc on ne peut plus chanter ce qu’on faisait il y a dix ans. Et puis on évolue, on vieillit, on a des enfants, une voiture, une maison, des prêts qui nous tombent dessus, et voilà… De toute façon, quelqu’un qui fait la même chose pendant quinze ans, il meurt forcément, on ne peut pas, on n’est obligé. Pose-toi des questions, est-ce que tu penses la même chose qu’il y a dix ans ? Nous on ne peut pas faire la même musique  qu’il y a dix ans, ce n’est pas possible, ou alors ça serait une régression et il faut toujours qu’on évolue.

Alors maintenant, l’arrivée d’un nouveau guitariste nous a sûrement poussé vers plus de rock aussi, parce que lui il n’est pas du tout ska à l’origine, donc quand il est arrivé en répèt’, et puis qu’on a dit bon on va composer, il a apporté des choses à lui, heureusement d’ailleurs, on ne lui a pas dit fais ci fais ça, il a apporté des choses à lui qui n’étaient forcément pas ska.

On trouve aussi de moins en moins de textes en espagnol, il y en a quelques-uns en anglais qui sont apparus, pourquoi ?

C’est tout simple, avant je voyageais souvent en Espagne et maintenant je n’y vais plus, ça fait cinq ans que je n’y ai pas mis les pieds donc je perds la langue, et je ne pense plus du tout comme il y a cinq six ans à écrire des textes qu’en espagnol.
Et puis je pense aussi il y a un moment où écrire en français c’est bien parce que tout le monde comprend ce qu’on chante. On s’est vraiment penché sur l’écriture des textes entre nous, pour la première fois on a fait une pré production, on s’est enregistré nous-mêmes en studio, on a plaqué des textes, quand ça plaisait pas on les effaçait on en refaisait d’autres, et si j’avais écrit qu’en espagnol, personne ou quasiment personne n’aurait pu donner son avis, donc on a écrit en français.

"Wagram sont bien vus mais en même temps le marché du disque se casse la gueule donc je sais pas comment ça va se passer dans les années qui viennent."

Et en anglais ?

En anglais parce que celui qui fait notre lumière a vécu trois ans à Londres, et un jour on lui a dit : tiens tu peux nous écrire une chanson en anglais ? Au début la chanson était qu’en anglais mais ça l’a pas fait avec notre accent, donc on l’a traduite de l’anglais au français et il y a juste des filles qui sont venues chanter dans les couplets en anglais.

Est-ce que c’était une condition aussi pour tourner à l’étranger ? Par exemple, pour Pleymo, leur maison de disque leur avait obligé à chanter en anglais pour tourner en Allemagne, etc. Comme vous aussi vous avez tourné là-bas, est-ce que c’est lié…

Bah peut-être que Pleymo, c’est parce qu’ils ont une énorme maison de disque…mais nous non, notre maison de disque nous a rien dit, personne ne nous a rien dit. Les restrictions, il n’y en a pas, en Allemagne, on est vraiment accueilli les bras ouverts, comme des rois, on a joué pendant dix jours lundi mardi mercredi…, il y avait du monde tout le temps, bon c’était pas des salles de 500, 600 personnes, c’était des salles de 200, 300 mais on n’est pas forcément un groupe connu là-bas et pourtant il y avait toujours du monde. Le public rentre vraiment à fond dans notre musique, je dirai même franchement que actuellement, le public, dans la salle, bouge plus que le public français, à proportion gardée du nombre de personnes. Là-bas, on peut le dire, on fait un tabac.

"Actuellement le ska-punk, il faut dire ce qu’il en est, c’est un peu en régression niveau public, c’est plus le phénomène de mode d’il y a dix ans"


Mike : en fait je pense, il se passe en Allemagne ce qu’il y avait il y a cinq six ans en France. En Allemagne, la musique est moins développée, il y a moins de salles, moins de groupes. En France, il y a eu le même effet il y a cinq six ans, avec la vague ska reggae qui est partie avec tous les groupes qu’on connaît, marcel, la ruda, etc. et en Allemagne, je pense qu’ils l’ont connue tout simplement après nous, du coup ils peuvent profiter de ça.

Vincent : ils sont friands de cette musique là. Ouais, c’est peut-être la vague, la mode d’il y a cinq six ans où n’importe où en France tu jouais, tu mettais ska sur l’affiche, il y avait plein de monde. Ils ont des groupes de ska mais ce qu’ils n’ont pas c’est des groupes de ska-punk un peu comme nous. En France, il y a cinq six ans, on était vraiment en tête d’affiche et à chaque fois qu’on jouait c’était le plein partout, actuellement le ska-punk, il faut dire ce qu’il en est, c’est un peu en régression niveau public, c’est plus le phénomène de mode d’il y a dix ans. En ce moment c’est la chanson qui est à la mode et le métal. Pour nous en Allemagne, on revit ce qu’on vivait il y a dix ans, on fait le plein partout.

Vous êtes souvent présentés comme un groupe nantais, jouer ici à Nantes c’est une sensation spéciale ?

Nous on est plus vendéen, et c’est vrai que jouer à la Roche ou tout près de Montaigu, ça me touche vraiment parce qu’il y a ma famille et tout ça. C’est toujours quand tu joues devant plein de gens que tu connais que tu as des sensation vraiment fortes, qui sont à la limite d’être négatives. Mais à Nantes, c’est quand même un petit pincement au cœur quand on joue à Nantes, forcément.

"C’est quand même un petit pincement au cœur quand on joue à Nantes, forcément."

Publié dans Interviews

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